Fantasia fait souvent office de vitrine pour les premières Nord-Américaines des productions fantaisistes européennes. Le festival ne fait pas exception cette année et nous permettait ce week-end de visionner exclusivement la toute dernière réalisation d'Esther Gronenborn, Kaifeck Murder. Beaucoup d'espoir était placé dans le long-métrage allemand puisque c'était non moins que la même compagnie de distribution que Let the right one in qui lançait le film à Montréal.

Gronenborn nous raconte ici l'histoire d'un photojournaliste parti à la quête d'un bon reportage dans les campagnes de l'Allemagne profonde. Accompagné de son fils Tyll, Marc se rend jusqu'à Kaifeck, petit bled isolé loin des valeurs modernes. Il y deviendra obsédé par une tuerie familiale suspecte, perpétrée plusieurs dizaines d'années auparavant.

Bien que Kaifeck Murder compte sur une merveilleuse direction artistique, il n'est malheureusement pas soutenu par un scénario à la hauteur de son éclat visuel. Gronenborn a su tirer à profit d'un village qui inspire la crainte à lui seul, mais échoue dans son établissement scénaristique. L'introduction est synthétique et la fin ne possède guère plus de goût qu'un petit gâteau Vachon, superficiellement agréable. Entre les deux, de bons éléments de mise en scène surpassée à tort par beaucoup trop de tournures scénaristiques capricieuses.

La cinéaste a résolument de l'œil et du goût, mais elle n'a pu pousser sa réalisation plus loin que les minces limites d'un scénario bâclé. Toutefois, la photographie et, je le répète, la direction artistique, valent presque à elles seules le détour. Presque. Dommage pour les comédiens Benno Fürmann et Alexandra Maria Lara qui offrait un jeu néanmoins intéressant.

**